au sommet de Kefalos

p a r o s . g r e e c e
 
 
 
 
 
 
 
 
 
15 : 20 
Il y a des voyages où je perds toute notion du temps, des matins insulaires où je suis presque somnambule. Très tôt je me traine hors du lit et j'enfile un chemisier et des sandales. Je glisse mes cheveux dans un foulard. J'ouvre la porte. Et la vie m'appartient.

À ce moment précis je sais que je n'écouterai que la voix de mes caprices. Sa voix sourde m'ordonne de mettre le contact et de filer, loin, vite et très haut. 
Vous voyez ce dont je parle, ces minutes où plus rien n'existe autour de vous, vos cheveux fouettent votre visage et vous fermez les yeux. Seul le vent tiède souffle sur votre peau chauffée par le soleil de midi. Plus rien ne vous résiste. 
La voix sourde a disparu, je n'entends plus que les graviers qui battent l'asphalte et le tic tac du clignotant. Le sentier se fait escarpé, ma main moite serre le volant, une goutte perle sur ma tempe.
Je suis somnambule au bord d'un précipice, je négocie un virage ingrat … et voilà … le pic d'adrénaline me pince. Je suis au sommet. J'ouvre les yeux. 
De là-haut et dans le silence, j'admire Paros qui s'étend de tout son long. Ah Paros. Quel voyage jusqu'à toi. 

Je regarde l'étendue de ma route. Aujourd'hui, j'ai gravi une colline. Demain sera peut-être une montagne. Chemin étroit en contrebas, calme et vaste boulevard un peu plus loin. Tantôt ai-je eu envie de faire demi-tour, tantôt envie de prendre un raccourci. Ce fut parfois difficile et mes mains tremblent encore. Mais même si je ne sais jamais ce qui m'attend au bout du sentier, l'expérience me rappelle toujours qu'après l'ascension vient la descente, limpide et réjouissante. 
À chaque chemin sinueux que nous empruntons tous un jour - aussi rude et escarpé soit-il - il se trouve un sommet à dévaler ensuite. Pensez toujours à lui. Ces jours-ci, le mien est Kefalos.