camouflage

a n t i p a r o s . g r e e c e











23 : 19 Les contraintes et les instruments sont invariablement les mêmes et pourtant la diversité des canons architecturaux insulaires est terrifiante. Une raison sans doute pour laquelle j'aime y revenir.
Pas ou peu asphyxiées par de lourds bâtiments de béton, les îles dont je parle ont su garder ce candide visage des années millésimées, celles où les matériaux nobles étaient rois et où le superfétatoire n'existait pas encore. De modestes maisons qui serrent aux épaules, leurs petites fenêtres qui inventent les courants d'air et l'harmonie des patines, notez l'essentiel.
Sur l'île d'où j'écris ce soir, nous goûtons à des paysages sauvages, des cadrages, des étendues. Il y a les courbes topographiques où dansent les murets de pierres et où jonchent les caillasses par millier. Dans ces conditions, il faut cohabiter.
Je veux dire, il suffit de se pencher pour se servir. C'est ce qui caractérise l'architecture vernaculaire, celle qui accompagne la vie quotidienne des insulaires, cette force où s'associent la terre, le lieu, les hommes et la nature.
À mes yeux cette forme d'architecture, cette ingénierie de la terre, est à la fois la plus efficace et la plus utopique et parmi le florilège d'exemples auxquels j'aurai pu me référer, Aloni est de loin la plus manifeste. Pour se nicher entre deux pentes, la maison se tourne vers deux horizons, le site venant glisser sur la toiture, les murs de pierres taillées s'évanouissent dans la pente.
Unité et pauvreté. Sobriété et rudimentaire.