la facétie du bouzouki

k a s t e l l o r i z o . g r e e c e








17 : 31 Je flâne les mains dans les poches en sifflotant ce petit air de bouzouki, toujours cet espiègle petit air qui ne veut plus sortir de ma tête. Je regarde les touristes ensandalés pendus à leurs appareils photo et les chats fuirent sous les tables à l'arrivée de l'aubergiste. Au bout de la jetée, j’aperçois l'ermite du coin, un vieil homme aux petites lunettes rondes, cheveux longs, toujours torse et pieds nus. Il vit dans cette vieille chapelle. Mais que peut-il bien y mijoter ?


Son gros chat blanc me tient compagnie sur les marches de la cabane immaculée. Je jette un œil curieux à l'intérieur; ni porte, ni eau potable, ni électricité, personne. Posées ça et là des sculptures inachevées, un avant bras, un buste penché... Au fond une paillasse jonche le sol. De quoi se nourrissent-ils, lui et son chat ? Où se réfugient-ils durant les froides tempêtes d'hiver ? 
J'invente sa vie qui l'a mené jusqu'ici. Je pense qu'il passe le plus clair de son temps à sculpter. Il aime l'art primitif, minimaliste, il travail le marbre. Quand sa cabane est remplie d'œuvres commanditées par de riches galeristes, il prend son chat sous le bras et tous les deux s'envolent vers New York pour son prochain vernissage au Moma. Il invite tous ses amis à d’extravagantes soirées où quelques modèles se pressent à son épaule, aspirant à être sa future muse.
Et aux aurores, quand la fête est terminée, c'est avec son fidèle chat sur l'épaule qu'il rentre chez lui. Tous deux retournent auprès de leur île, dans leur chapelle, sur leur paillasse, en face de l'infinie mer.

Dites-moi Monsieur de la chapelle, quel est le charme qui vous envoûte et vous pousse à vivre sur cette île ? Quelles raisons vous obsèdent ? Pourquoi tout quitter pour elle ? De quel sortilège sommes-nous victimes ? Et revoilà le petit air qui revient dans ma tête ! Dites-moi Monsieur, entendez-vous vous aussi cette mélodie ?